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« BFM cherche à diviser, pas à informer »

Assis sur le dossier d’un banc ombragée, Grégory, 15 ans, et Evan, 13 ans, discutent de leur après-midi sur la place de la foulerie de Chaumont-en-Vexin. Il faut attendre les autres copains qui tardent à arriver, se mettre d’accord sur le programme, ça risque de prendre des plombes. Pas timides, ils s’approchent de la caravane des médias et on se prend à causer.

La Caravane des médias, place de la foulerie à Chaumont-en-Vexin, le 19 juillet 2021. © Simon Lambert

Il s’étonne que nous soyons là. On ne parle pas de Chaumont d’habitude. « C’est simple, j’ai jamais vu une information dessus dans les médias », balance Evan d’emblée. Il rectifie assez vite en nous montrant du doigt un endroit : « Sauf l’année dernière, quand ils y avait un cadavre dans la rivière que mon pote a retrouvé. » Ce jour-là, ils ont vu débarquer quelques journalistes, mais c’est tout.

L’été, Grégory et Evan, son « petit’, arpentent les rues de Chaumont en VTT, à grands renforts de « wheeling ». Le premier est élève à Sainte Geneviève, plus au nord dans l’Oise. Ils s’informent l’un et l’autre principalement sur Twitter, Instagram et Snapchat. « On sait tout grâce à ça » claironnent-ils fièrement. Ils concèdent cependant ne pas aller vers l’information, mais attendre qu’elle vienne à eux. « Généralement, je parle avec mes potes et après je tape les mots-clés sur Twitter pour vérifier ce qui se dit », explique le plus âgé. Evan lui, a un petit faible pour Snapchat : « On se partage les trucs importants, surtout quand ça parle de la fermeture du collège ou quand Macron fait des annonces. » Il est abonné à quelques comptes d’infos, comme Canal Plus ou BFMTV.

Grégory, 15 ans nous explique sa consommation de médias, place de la foulerie à Chaumont-en-Vexin, le 19 juillet 2021. © Simon Lambert

« Franchement, dans ma classe on est plus matures qu’à la télé. On a des avis différents, mais on s’écoute et on se crie pas dessus. »

Grégory, 15 ans à Chaumont-en-Vexin

A l’évocation de BFMTV, Grégory se crispe. Il a une dent contre cette chaîne, qu’il suit essentiellement via leurs partages de vidéos sur les réseaux sociaux. « Tu regardes n’importe quel reportage ou débat, et tu verras, à la fin, c’est toujours de la faute des rebeus et des renois. Pour moi, BFM cherche à diviser, pas à informer ». Il leur d’ailleurs préfère le JT de TF1 qui ne parle que « des faits ». Il le regarde d’un œil à la maison le soir à l’heure du repas. « Au collège, on parle plus sereinement de l’actualité ». Il rappelle une intervention d’une professeur qui souhaitait prendre le pouls de la classe après la mort de de Samuel Paty. « Franchement, dans ma classe, on est plus matures qu’à la télé. On a des avis différents, mais on s’écoute et on se crie pas dessus nous. » Il finit par nous proposer ses solutions pour changer la donne : «Il faut qu’il change leur personnel ou qu’ils les éduquent pour les rendre plus matures »

Evan, 13 ans, recherche une informations sur le Covid-19 qu’un ami lui avait envoyé, place de la foulerie à Chaumont-en-Vexin, le 19 juillet 2021. © Simon Lambert

« Il y a trop de gens qui du Covid-19 et presque autant qui extrapolent les choses »

Grégory, 15 ans, à Chaumont-en-Vexin

Evan nous montre sur son téléphone quelques infos qu’il a pu recevoir de ses potes et qui l’ont fait douter, voir l’ont convaincu. Il retrouve une capture. Sur son écran, un post sur un forum du site d’actualité marocain Yabiladi : « Macron est devenu millionnaire à cause de Pfizer !!!« . Il dit ne plus savoir qu’en penser, perdu dans les informations et les avis souvent tranchés des adultes sur le sujet. « Il y a trop de gens qui parlent du Covid-19 et presque autant qui extrapolent les choses », conclut son Grégory. Leurs amis sont arrivés, il est temps de profiter des 26 degrés de cet après-midi d’été.

Clémence Leleu, Timothée Vinchon et Simon Lambert.

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