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Au bowling de Camon, parler de l’actualité avec les enfants

Comment expliquer les informations parfois difficiles à ses enfants ? Faut-il en discuter ensemble ? Et est-ce que les jeunes restent à l’écart des contenus violents qui inquiètent tant ? Tant de questions que nous avons posé aux parents entre quelques jets de boules.

Ce mercredi après-midi, il fallait avoir ses chaussures verte et rouge cirées et son chapeau pointu sur la tête. En nous aventurant au Rétro Bowling de Camon, on est tombé dans une maxi-fête d’anniversaires. Les pistes toutes occupées par des myriades de marmots. Entre les strikes hasardeux, les explosions de joie et le bruit des requilleurs, on s’est faufilé pour poser quelques questions aux courageux parents. 

Céline est venue de Montdidier pour fêter un anniversaire avec ses jumelles de cinq ans. Chez elle, pas de télévision la semaine. Les actualités, elle les explique parfois à ses filles « en mettant des mots adaptés. Elles posent parfois beaucoup de questions. On parle de tout, on essaie de ne pas faire de tabous ni de créer des incompréhensions.» 

Stéphanie et Charles sont là avec 8 enfants. « Pas tous les nôtres, hein » s’amuse le papa. Ils sont venus de Villers-Bretonneux pour l’anniversaire de leur fille Léonor, 7 ans, ses copines et sa grande sœur de 13 ans. « On essaye toujours de trouver les bons mots pour expliquer l’actualité, mais sans cacher les choses. » Lorsqu’il regarde le JT, Charles a toujours la télécommande à proximité, prêt à zapper s’il y a des images qui peuvent choquer. Il trouve cependant que les journalistes font plus d’efforts qu’avant : « maintenant ils préviennent que les reportages sont susceptibles de heurter les publics les plus sensibles. » Pour la plus grande, âgée de 13 ans, les deux parents commencent à lâcher du lest : « On la laisse faire son choix, elle apprend à savoir ce qui la dérange. »

Matthieu, assis sur la banquette rouge moelleuse, garde un œil attentif sur ses enfants. « Trois enfants, c’est du sport. Ça demande beaucoup d’énergie. » Les informations, c’est déjà compliqué pour lui de les regarder, alors l’actualité, c’est plutôt à l’école que ses enfants en parlent : « Parfois ils rentrent avec des questions alors on prend le temps de leur expliquer. La guerre, le Covid. Ils ont besoin de comprendre ce qu’il se passe. D’avoir plusieurs personnes qui leur en parlent. » À 11 ans, l’aîné vient d’avoir un téléphone pour rassurer ses parents qui le laissent désormais prendre le car pour aller au collège. Les réseaux sociaux ? Pas encore d’actualité et source d’inquiétude pour le papa : « On aimerait que ça arrive le plus tard possible. Il n’y a aucun filtre sur les images violentes là-dessus. Sans même parler des dangers du harcèlement. »

« Je suis pas une bonne cliente », nous annonce tout de suite Virginie, maman d’un enfant venu d’Albert à l’anniversaire d’un copain. Elle a une solution simple pour que les enfants ne soient pas choqués par les informations : « faut pas leur en montrer. » Elle a décroché de l’actualité il y a un peu plus d’un an, lassée du « rabâchage de la guerre en Ukraine. » À la maison, c’est donc Gulli ou OKOO, le service de France Télévision qui propose des contenus en fonction de l’âge des enfants. « COVID, guerre en Ukraine, il y a toujours quelque chose d’horrible qui tombe, alors je vis avec les dessins animés, c’est pas plus mal », rigole la maman.

L’importance de se forger un avis

Du côté de Delphine et Mathieu, venus de Puchevillers, c’est tout l’inverse. « On est pas dans un monde de Bisounours ». La grande famille recomposée a l’habitude de regarder la télé ensemble le soir, la plupart du temps CNEWS. « On discute des sujets, parfois on en débat ensemble. C’est important de se forger un avis, quel qu’il soit. » Les ados, 13 ans pour le plus grand et 12 pour les jumeaux ont leurs téléphones et passent du temps sur TikTok. « On ne leur interdit pas. Mais on gère le temps – pas de téléphone dans sa chambre – et on a installé le Familink qui permet de filtrer les contenus interdits aux moins de 16 ans. »

Est-ce que les jeunes restent à l’écart des contenus violents qui inquiètent tant les parents ? Est-ce que l’actualité en elle-même peut les choquer ? On a demandé aux enfants de notre dernier couple. Naël, 13 ans, nous dit d’abord qu’il n’a plus 6 ans et qu’il n’a plus peur de grand chose. Sa mère lui rappelle qu’il ne faisait pas le malin devant L’exorciste. Les guerres font partie des sujets qui l’intrigue et qu’il est content de suivre et de mieux comprendre : « la guerre en Israël et en Palestine. Ils en parlent souvent aux informations que je regarde avec mes parents. » Le sentiment est partagé par demi-sœur Noémie, 12 ans. Florian, lui a été marqué par l’assassinat du professeur à Arras. Il n’a pas très bien compris les discussions dans son collège lors des hommages et a dû en reparler avec ses parents. La plus petite, Jade, 9 ans, n’est pas tout à fait du même avis : « mon dernier souvenir c’est la guerre. Parfois ça me fait peur. J’en parle avec mes parents, ils me disent que ça pourrait arriver dans le futur. » Elle a une idée de proposition éditoriale que les médias devraient creuser  « J’aimerais entendre plus parler des animaux comme les chats et les chiens ». 

Sophie Bourlet, Timothée Vinchon et Clémence Leleu.

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