Nul besoin d’aller à Marseille pour trouver du savon. À Salouël, commune avoisinante d’Amiens, Jean-Marc Vasseur et sa famille ont ouvert la première savonnerie du coin en 2021. Un projet insolite dans la région, où l’on trouve « soit les savons que les gens font le weekend et vendent sur les marchés, soit les leaders du marché comme Procter & Gambel. » raconte l’artisan, qui a choisi de se positionner justement entre les deux.
Un magicien des machines
Tombé en passion pour le savon en pain, plus intéressant « écologiquement et économiquement », il ouvre avec sa femme la fabrique dans un entrepôt où il stocke déjà des manèges. L’homme est issu d’une famille de forains, la caravane de son grand-père datant de 1899 – réputée magique – est même stockée ici. Jean-Marc, avant de se mettre au savon, a été fabricant de machines pour les caisses des manèges, raconte-t-il en montrant des « cabochons », les petits boutons lumineux qui décorent les attractions. D’ailleurs, dans la plupart des manèges de France, c’est lui la voix qui dit : « Attention au départ ! »
Il a gardé de ses années-là un goût pour le bricolage de machines, nombreuses et customisées dans son entrepôt, mais aussi le nom d’une de ses marques : « Le manège à savon. » Autre best-seller dans le magasin : « le cul propre », un savon « qui n’a rien à cacher » à l’huile d’avocat, d’olive ou de germe de blé. Ailleurs dans la boutique, des références au terroir : savon à la betterave, emballages estampillés avec des bâtiments amiénois, tous dessinés par sa femme et sa fille, Lou Anne.
Des coulisse top-secrètes
Un succès local qui n’a pas échappé aux médias. Il sort de son bureau sa revue de presse : une énorme pile. « Du Courrier Picard en veux-tu en voilà … » montre-t-il en brandissant des articles à la pelle. Il est même passé dans un magazine national, Maxi, et il le confesse, ces sorties presse « qu’il n’a pas demandé » ont boosté ses ventes. Mais selon lui, les médias, notamment la télé, ne racontent pas suffisamment l’envers de la production, à savoir les artisans et commerçants qui travaillent jusqu’à 70 h par semaine, nous confie-t-il.
Dans les coulisses de la fabrique justement, pas de photos possibles. Ici, toutes ses machines bricolées sont confidentielles, pour cause de concurrence acharnée. Clothilde et Magalie sont en train d’empaqueter des savons, alors que les frères François et Yves tamponnent les savons au sigle de la maison. Une joyeuse ambiance, qui fait aussi la marque de fabrique de l’entreprise. « Pas besoin de faire de la pub ou de se montrer dans la presse, les gens voient bien en venant ici qu’on est une boutique familiale ! » raconte Jean-Marc Vasseur, le patron, entre deux vannes faites à ses employés.
Il va sans dire que depuis la visite de Jean-Marc Vasseur, la Caravane embaume le savon à la betterave et compte bien attraper les chalands par le nez.
Sophie Bourlet, Clémence Leleu et Timothée Vinchon