Sandra est la créatrice de la page Facebook « Tu sais que tu viens de Creil quand… » suivie par plus de 15 000 personnes. Un moyen pour elle de faire circuler les informations, mais aussi d’offrir un espace où créer des liens et tisser de nouveaux réseaux de solidarité. « J’ai créé cette page en 2014, à l’époque beaucoup de pages de ce genre se créaient et j’ai voulu mettre en valeur Creil. C’est ma ville miniature », explique celle qui est installée ici depuis 1990. « Il y a beaucoup d’informations qui y sont partagées, ça permet à beaucoup de gens de se tenir au courant des activités dans les quartiers notamment. »
Au fil des années et des publications, des rituels se sont mis en place et les liens entre les membres se sont étoffés : « Chaque matin, un habitant publie une citation inspirante. Un jour il ne l’a pas fait et tout de suite plusieurs posts sont apparus sur la page pour savoir s’il allait bien. Des gens déposent aussi des avis de décès, beaucoup de membres présentent leurs condoléances. Des chaines de solidarité se mettent aussi parfois en place pour soutenir les familles dans le besoin qui font face à un problème. »
Réapprendre à se connaître
Une ville solidaire et plurielle, qui n’est, selon elle, que le pendant virtuel de ce qu’est déjà la ville de Creil. « Les différences de culture, de religion, de couleur, c’est Creil. C’est important que tout se mélange. Cette ville a un énorme potentiel, il y a beaucoup à explorer », raconte Sandra, qui en plus de sa casquette d’administratrice de la page Facebook est aussi marraine de la mission locale, membre de diverses associations et initiatrice de maraudes dans les quartiers pour venir en aide aux plus précaires et aux personnes sans papier. « Creil c’est souvent que le négatif, mais c’est surtout le point de vue de personnes qui ont peur de l’autre, de ce qu’ils ne connaissent pas et qui ont des a priori. C’est vrai qu’il y a des problèmes de sécurité ou des voitures qui brûlent, mais Creil c’est tellement plus que ça. »
Mais alors quel est selon elle l’antidote aux incompréhensions et aux rancœurs qui ont pu s’ancrer davantage avec ces deux années covidées où les foyers se sont renfermés sur eux-mêmes ? « La clé c’est les rencontres. Faire des activités ensemble pour réapprendre à se connaître. Ça peut commencer par un bonjour ou par un sourire. En fait c’est ça, il faut réapprivoiser les sourires. »
Véronique Lespérat Hequet et Clémence Leleu