Ils étaient neuf ce matin à s’être pris au jeu du média idéal. Valérie, Tanguy, Jason, Geoffrey, Léa, Hugo, Victoria, Alison et Monique, ont réfléchi, débattu et argumenté pendant près d’une heure et demie, pour imaginer ensemble un média qui leur ressemble, et surtout, plairait au plus grand nombre, puisqu’il serait proche de la perfection.
Alors à quoi ressemble ce petit bijou ?
1- Un média multicanal « Il faut pouvoir parler à tout le monde. »
Ce média idéal prendra donc plusieurs formes :
- Des vidéos sur Youtube et sur TikTok
- Des lives sur Facebook
- Un journal édité une fois par mois pour un résumé papier de l’actualité pour toucher les personnes qui n’ont pas accès à Internet ou qui sont plus âgées.
- Des flashes télé
- Des émissions de radio pour les gens qui ne peuvent s’informer que lorsqu’ils sont dans leur voiture pour aller au travail par exemple.
Sa cible : tout le monde à partir de 16 ans.
Le groupe soulève un point qui leur semble important : pour toucher tout le monde, il ne faut pas oublier les aveugles et les sourds-muets. Les vidéos seront donc interprétées en langue des signes et le magazine mensuel sera édité en Braille.
2 – Un média qui donne une bonne place à l’information de proximité
« Avec une rubrique locale qui change en fonction de la région où habitent les lecteurs ». On y parlerait essentiellement :
- D’écologie,
- De santé,
- D’emploi,
- De social,
- De culture et loisirs (avec des sujets pratiques et des tutos comme par exemple de la mécanique ou de la couture)
- De faits-divers mais pas forcément des faits-divers dramatiques, on peut également parler de positif comme : des gens qui aident les personnes âgées en tant de confinement, des gens qui sauvent des enfants d’un incendie, etc.
À chaque semaine sa thématique pour ne pas tout mélanger et brouiller l’esprit des gens. En revanche, « tous les jours on fait un flash d’actualité le matin et le soir, pour que les gens soient au courant de ce qu’il se passe globalement »
3 – Un média avec des exigences qualitatives
- « Faire attention de ne pas utiliser des termes trop compliqués, de ne pas noyer les gens sous trop d’informations ». Il ne faut pas que les gens ne se sentent pas concernés ou pas la cible.
- Il ne faut pas que les propos des gens soient déformés. « Il faut faire parler les concerné·es, et pas ceux qui ne le sont pas » sur des questions comme le racisme par exemple.
- « Il faut quelqu’un de neutre qui pose les questions », mais la neutralité existe-t-elle vraiment ? Est-ce qu’on ne porte pas toujours un peu de notre histoire lorsque l’on vient interroger les gens ? Après réflexion, le groupe penche pour « quelqu’un qui a de la compassion, une personne qui est intéressée par beaucoup d’activités diverses et qui connaît bien le sujet. »
- Les sujets doivent être intéressants pour les jeunes, être accrocheurs et pas répétitifs.
4 – Un média qui laisse la parole à tout le monde
- Comment fait-on pour ne pas parler de et avec des gens qui sont d’accord avec ce que l’on pense ? Ne pas rester entre-soi. « On laisse un espace pour laisser s’exprimer des gens avec qui on n’est pas d’accord. Comme ça chacun peut se faire son avis. Mais il faut des bons arguments, précis. »
5 – Un média fiable
Comment faire pour que les gens aient confiance dans ce média idéal alors que la défiance du public envers les médias est de plus en plus forte?
Les réponses fusent :
- Lister les sources en mettant des liens pour que les gens puissent aller vérifier les informations
- Rajouter des photos et des vidéos pour prouver que l’événement a bien eu lieu.
Mais une photo dit toujours la vérité ? « Il faut faire attention à ce qu’elles ne soient pas manipulées, retouchées » alors dans ce média idéal on croise les sources pour vérifier que la photo est récente et se réfère bien à l’événement dont on parle, on privilégie les photos au grand angle pour avoir le plus de contexte possible. Et on fait appel à un photo reporter d’expérience, et qui sait prendre du recul sur le sujet.
6 – La difficile question du financement
Dans le groupe, personne ne paie pour s’informer. Il est donc évident que leur média sera gratuit. Mais alors comment payer les gens qui travaillent ? On les paie ? On emploie des bénévoles ? Tout le monde est d’accord pour payer les personnes qui travaillent pour ce média idéal. Il faut donc trouver comment faire rentrer l’argent dans les caisses.
« On met de la publicité ! », ça fonctionne mais que faire si la marque n’a pas d’intérêt à voir un scoop sortir qui pourrait la mettre en cause ? « Peut-être qu’on pourrait faire de la pub pour des marques écologiques? »
Certains avancent aussi l’idée des contrats de non-ingérence que l’on pourrait faire signer aux marques pour éviter qu’elles ne viennent mettre le nez dans leurs affaires.
Pourquoi pas être rémunéré par Youtube ? Ou alors mélanger des contenus gratuits et payants (notamment les contenus plus longs)
Très vite, tout le monde se rend compte que la question du financement est délicate, que la publicité peut menacer l’indépendance, mais que si l’on tient à faire un média gratuit, pour que tout le monde puisse s’informer grâce à lui, il faut forcément trouver un moyen de financer cette gratuité pour le lecteur.
Si ce média devait être payant, une chose est sûre, il coûterait entre 2 et 5 euros pas plus.
7 – Un titre provisoire ?
L’heure tourne et il ne reste que quelques minutes pour trouver un titre alors voici les idées en vrac : l’info sans filtre, le média juste, le média neutre, vue d’ensemble.
Textes : Clémence leleu
Textes et photos : Simon Lambert
Une réponse sur « Le jeu du média idéal »
Super l’article ! Je m’excuse du retard mais je voulais juste vous dire que j’ai adoré l’expérience. Vous avez tous été super sympa et c’était très intéressant d’échanger avec vous ! Merci beaucoup 🙂