Ils étaient, ce 12 juillet au matin, une bonne vingtaine d’habitants à avoir pris place dans deux calèches affrétées par Sabots d’avenir pour visiter les hauts de Creil (les quartiers de La Cavée et du Plateau Rouher). Une balade loin de la cadence du quotidien, pour regarder son quartier sous un autre angle. Après un premier arrêt pour découvrir une poignée de ruches installées au Plateau, direction le parc situé au cœur de La Cavée, où les attendaient les membres de Super 5 Orkestar, une fanfare venue d’Amiens pour l’occasion. Alors on s’est installées sous les arbres et on a commencé à discuter.
Yvette, habitante de La Cavée depuis 22 ans.
Yvette, elle est d’abord venue écouter la fanfare avec son chien, en voisine. Et puis, quand elle a vu que c’était quand même compliqué de discuter alors que son berger allemand n’arrivait pas à tenir en place, elle est partie le déposer chez elle, histoire de pouvoir se raconter au calme.
C’est en 2000 qu’elle arrive à Creil, dans le quartier de la gare d’abord, avant de partir pour La Cavée après un divorce difficile. Retraitée depuis le 1er mars d’une carrière dans la comptabilité, elle passe depuis plus de temps chez elle et dans son quartier. « Mais ça va, ici il y a plus d’air, plus de verdure qu’en bas. » Pour elle, Creil, « ce n’est pas pire qu’ailleurs ». Le problème, ce sont les points de vue cathodiques, pas toujours objectifs et souvent braqués sur les faits divers. « Il y a eu la série documentaire Chronique de la violence ordinaire qui montrait soit disant la vie à Creil et à Nogent. Ça parlait des trafics, de la délinquance. Oui ça existe mais ça n’est pas que ça Creil », raconte-t-elle. « On fait toujours passer Creil et le Plateau comme l’enfer. On ne montre jamais toutes les associations qui œuvrent pour les habitants au quotidien. »
La principale force de la ville et de son quartier ? La mixité, qui permet d’en apprendre beaucoup sur les autres cultures : « On rencontre des gens de toutes les origines, ça permet d’échanger sur plein de sujets. De découvrir d’autres religions. On apprend énormément de choses. On a la possibilité de faire de super rencontres. »
Yasmine, Malika et Lamia, « On habite à Dallas »
Installées sous un arbre avec leurs enfants autour de filet de dinde et de frite, les trois jeunes femmes sont catégoriques : « Le Plateau c’est l’enfer. On habite à Dallas » Arrivées dans le quartier depuis un an, elles regrettent les bagarres entre les jeunes et la police, la montée du trafic et le manque de sécurité. « Surtout pour nos enfants, nous on s’en fiche, mais on n’a pas vraiment envie qu’ils grandissent dans ces conditions » explique Yasmine. « Mais on n’a pas envie de quitter Creil, dans les autres quartiers c’est calme, il y a beaucoup de loisirs pour les enfants et puis c’est beaucoup moins cher qu’en Ile-de-France alors qu’on est à 25 minutes de Paris », poursuit Malika.
Autre avantage de la ville, l’absence de racisme par rapport aux communes environnantes. « Ici, les gens sont respectueux, on n’est pas victimes de racisme. Et ça, ça fait du bien. »
Micheline et Michel, touristes culturels et amoureux transi
Micheline, 84 ans, Michel 89 ans et Creil, c’est une grande histoire d’amour. S’il y ont fait leur scolarité, ils vivent désormais à Lamorlay, dans les environs de Chantilly. Pourtant, Creil, ils y sont parfois plusieurs fois par semaine. « C’est simple, on regarde la programmation et dès qu’il y a quelque chose qui nous plaît, on prend la voiture et on vient », raconte Michel. Leurs petits plaisirs ? Les conférences sur l’écologie, le cinéma, les activités de la médiathèque mais aussi les concerts. « La Faïencerie c’est notre maison d’adoption, si vous saviez combien de concerts on y a vu ! », complète Micheline.
Il y a quelques jours, ils ont fait la visite guidée des lieux de cultes de la ville : église, mosquée et synagogue. « On a appris un tas de choses. Visiter ce genre d’endroits ça permet de découvrir d’autres cultures, de pouvoir discuter avec plein de gens différents », explique le couple. « Les gens devraient venir voir les quartiers, parler aux habitants. Les gens se font des fausses opinions alors qu’il suffit de côtoyer les gens pour comprendre que Creil, sa force c’est d’être multiraciale, multiculturelle, c’est ce qui fait sa grande convivialité ! » Avant de repartir écouter la fanfare le couple tient à préciser une information importante : « On s’apprête à fêter nos 63 ans de mariage et c’est à Creil qu’on s’est rencontrés. Peut-être que vous pouvez le noter ? » Évidemment !