Comme tous les mois à Landrecies, le marché bio des petits producteurs de l’Avesnois a pris ses quartiers à Landrecies. Sauf que pour cette édition de juillet, il a quitté le marché couvert pour s’installer sur les bords de la Sambre. Et pour cause : après sa fermeture à la navigation en 2006 à cause de deux ponts défectueux, on fête ce vendredi sa réouverture.
Les bateaux de plaisance sont parés de leurs plus beaux atours. Les tables ainsi qu’une petite piste de danse commencent à être installées aux côtés des stands du fromager et du maraîcher. Le moment idéal pour discuter avec quelques habitants du coin, comme Christophe, 48 ans, agent de maintenance chez Renault et Michel, 64 ans, retraité de la métallurgie. Côté médias, Christophe et Michel expliquent s’informer principalement grâce à BFM TV, plutôt le matin entre 6h et 7h30. « Mais bon, faut en prendre et en laisser », précise Christophe. Mais comment fait-il pour distinguer le bon grain de l’ivraie ? « On va regarder un peu ce qu’il se passe sur Facebook, même si là encore, c’est pas tout rose. On nous manipule un peu partout de toute façon. Donc on choisit un peu les infos qui nous conviennent. Si on les retrouve sur BFM et Facebook, c’est que ça s’est sûrement passé. »
Si Christophe et Michel sont d’accord pour allumer la 15 pour regarder les infos, leur vision critique de la chaîne diverge. Pour Michel, BFMTV est plutôt teintée à droite : « C’est simple, c’est toujours Le Pen et ses copains. C’est très rare que l’on entende quelqu’un de la gauche. La France Insoumise c’est pareil, elle est pas sur les plateaux. » Christophe, à l’inverse, estime lui que Marine Le Pen y est diabolisée « Avec Macron, ils sont toujours complaisants, alors que Le Pen on va la descendre, toujours avoir à redire sur sa politique. »
« Notre réputation, elle est faite. Et elle est mauvaise. »
Christophe, agent de maintenance chez Renault
Et côté représentation du territoire dans les médias, est-ce qu’ils s’y retrouvent ? La réponse est sans équivoque : absolument pas. « On est super mal représentés. Pour les médias, parler du Nord, c’est toujours parler des Ch’tis. On a l’impression qu’ils font exprès. Ils vont toujours choisir le pire dans le tas. On nous fait passer pour des crétins. » lance Michel. « Notre réputation, elle est faite. Et elle est mauvaise. On est ceux qui vivent dans des endroits pauvres, avec des friches industrielles, qui aiment le foot, la bière et qui sont au chômage. Au bout d’un moment, c’est pesant » poursuit Christophe. Alors comment aimeraient-ils qu’on parle de leur région ? « En revenant aux sources, le local. Parler de tout ce qu’on peut découvrir ici et qui fonctionne très bien. On a des savoir-faire, des beaux coins à visiter et on en parle jamais. »
Un avis partagé par Michèle. Cette ancienne propriétaire d’un camping dans le Jura, revenue dans le Nord après 30 ans d’expatriation, consomme les médias tout au long de la journée, la preuve : elle commence par allumer RTL à 5h30 : « J’adore écouter les infos le matin et à vrai dire, je n’ai que ça à faire la matin en buvant le café. » À 13h, c’est le profil de Julian Bugier et le plateau de France 2 qui s’affiche sur son écran de télé. La presse quotidienne vient compléter tout ça : « Je lis L’observateur de l’Avesnois, ça permet d’avoir les informations du coin. La Voix du Nord il y a trop d’informations d’ailleurs, ça ne m’intéresse pas trop. Dunkerque, c’est déjà trop loin. »
Sans ça (les médias locaux), on a l’impression qu’on n’existe pas sur la carte
Andrée, retraité du milieu associatif
Même son de cloche pour Andrée, retraitée du milieu associatif. « Le soir je regarde France 3 région pour avoir les informations du coin, et je lis L’Observateur. Sans ça, on a l’impression qu’on n’existe pas sur la carte » raconte-t-elle. « Et qui sait peut-être qu’il y aura un journaliste qui passera pour l’inauguration et qu’on passera dans le journal de demain ! »