Une harmonie et son chef d’orchestre médaillé, des sapeurs pompiers et leurs camions aux gyrophares allumés, des anciens combattants et leurs drapeaux, quelques véhicules militaires, le maire et ses adjoint·e·s paré·e·s de leurs écharpes tricolores : rien ni personne ne manquait à l’appel en cette matinée de commémoration du 14 juillet.
Après un salut des troupes réglementaire, le cortège s’est dirigé, emmené par la trentaine d’instrumentistes de l’harmonie, vers la statue de Léon Pasqual. Une fois la gerbe déposée en souvenir de ce conseiller municipal d’Avesnes, ancien prisonnier de guerre, qui fut aussi député du Nord et sénateur, la procession s’est remise en marche vers le monument aux morts. Aux fenêtres, des visages de curieux se découvrent derrière les rideaux et quelques enfants regardent avec passion les camions de pompiers rutilants. Dehors, alors que la pluie s’est invitée, quelques badauds s’agrègent à la file qui mène tout ce beau monde jusqu’à la salle des fêtes pour partager, après le traditionnel mot du maire, un petit vin d’honneur.
L’occasion de rencontrer quelques Avesnois·e·s, comme Isabelle, 49 ans dont 34 d’harmonie. Ce groupe d’instrumentistes est bien plus pour elle qu’un simple orchestre qui joue la bande son des grands moments commémoratifs et festifs de cette petite commune du Nord. « On a tous la même passion et cette volonté de la partager. Pendant le confinement, ce qui a manqué ce n’est pas tant la musique puisqu’on pouvait jouer chacun chez nous, mais c’était de ne pas pouvoir être ensemble. De ne plus constituer cet unique son. De vibrer ensemble et de faire vibrer les gens. »
Lorsque l’harmonie défile, Isabelle joue du Piccolo, un petit instrument de la famille de la flûte traversière et endosse le rôle de présentatrice des morceaux en plus de celui de musicienne lorsque l’orchestre est en concert. La musique, Isabelle y est entrée par l’intermédiaire du piano qu’elle apprend chez les sœurs de Sainte Thérèse Bagatelle, avant de se mettre à la flûte à 10 ans. Cinq ans plus tard, elle rejoint l’harmonie d’Avesnes. « À 17 ans j’ai eu envie de me mettre à un instrument à corde, pour ressentir les vibrations. Alors j’ai appris le violoncelle », confie celle qui, à 40 ans, s’est mise au défi d’apprendre seule la contrebasse à cordes.
« Depuis quelque temps la ville est plus vivante, il se passe plus de choses, alors nous sommes plus sollicités, nous bougeons régulièrement. »
Isabelle, membre de l’harmonie
« Pour moi c’est un honneur de présenter l’orchestre. Nous sommes plus de 60 musiciens, c’est un vrai bonheur d’être présents pour les défilés du 11 novembre, du 8 mai ou du 14 juillet. On représente la ville, on porte les valeurs de la culture », explique celle qui est employée de banque dans le civil. L’activité de l’harmonie est finalement un bon instrument de mesure du pouls de cette commune de 4 600 habitants. « Depuis quelque temps la ville est plus vivante, il se passe plus de choses, alors nous sommes plus sollicités, nous bougeons régulièrement. »
Alors bien sûr, tout n’est pas idyllique : même si quelques jeunes musiciens intègrent l’harmonie, ils sont peu nombreux. Même logique pour les défilés où le public se raréfie. « Je suis très attachée à l’histoire, à l’importance de rendre hommage. Ce n’est plus forcément pareil pour les jeunes aujourd’hui », concède Isabelle. Mais il lui en faudrait plus pour ternir les bons souvenirs festifs qu’elle a vécu avec son groupe. Les concerts dans les Nord mais aussi les déplacements plus emblématiques comme ce défilé à Paris il y a trois ans où l’harmonie d’Avesnes a joué pendant que la flamme du Soldat inconnu était rallumée. Et puis il y a aussi la force de vie que draine l’orchestre. Il y a quelques années, Isabelle a souffert d’un cancer dont les traitements l’ont affaiblie. Elle a pourtant mis un point d’honneur à assister aux répétitions et aux inaugurations de ducasses : « continuer la musique, voir le groupe m’a permis de tenir. J’étais bien avec eux. L’harmonie c’est Avesnes, c’est la musique, mais aussi et surtout une bande de copains, et tout ça c’est précieux. »
« Monsieur vaccin »
Également présent dans l’assemblée, Christian Castel est lui pas mal salué et accosté lors du vin d’honneur. Un badaud qui se demande quelles allergies peuvent être des contre-indications pour le vaccin, un autre qui se demande s’il peut passer un peu tard au centre de vaccination après son retour du travail, c’est un second défilé qui s’organise auprès de lui. S’il est autant sollicité, c’est qu’il est « le monsieur vaccin » d’Avesnes d’après le mot du maire. Médecin au centre hospitalier et élu à la ville et à la communauté de communes, il est depuis février le responsable médical du centre de vaccination installé à deux pas, dans la salle du bastion à Avesnes. « Je me demande parfois de quoi on me parlait quand il n’y avait pas de Covid-19 », s’amuse-t-il.
Compte-tenu de cette actualité très présente de la crise sanitaire, de ses conséquences sur la vie des gens et des nombreux questionnements qu’elle provoque, nous nous interrogeons sur la gestion de cet évènement « extraordinaire » dans une Communauté de communes comme celle d’Avesnes-sur-Helpe. Les habitants ont-ils de bonnes informations sur le Covid-19 ? Les médias locaux aident-ils ou non à convaincre de l’intérêt de la vaccination ?
« J’ai l’impression que la radio a plus d’impact encore que la presse. Il y a cette proximité dans l’écoute. Des gens m’ont dit être venu se faire vacciner grâce à eux. »
Christian Castel, médecin et responsable médical du centre de vaccination d’Avesnes-sur-Helpe.
« Les gens sont plutôt bien informés sur le Covid-19. Avec la plupart, on peut discuter sérieusement », indique-t-il d’emblée. Ancien médecin généraliste en ville, il explique que le fait d’être un professionnel de santé accessible et qu’ils connaissent rassure également : « Ils savent que je ne vais pas les envoyer balader et leur répondre dans la limite de mes connaissances. » Il est assez fier des chiffres de son centre : « 28 000 premières et deuxièmes injections sur une communauté de communes qui compte 33 000 habitants. »
L’homme indique aussi avoir de bons rapports avec les journalistes de la Voix du Nord et de l’Observateur de l’Avesnois, le journal local, encore très lu car il rassemble les informations du coin en un hebdomadaire. « Si j’ai besoin que les médias interviennent, je leur passe un coup de fil, ils font ce qu’ils peuvent en fonction leurs possibilité et de l’intérêt journalistique évidemment. » La radio, et notamment la fréquence locale d’Aulnoye-Aymeries, Canal FM, a selon lui joué un petit rôle pour déplacer ses concitoyens. « J’ai l’impression que la radio a plus d’impact encore que la presse. Il y a cette proximité dans l’écoute. Des gens m’ont dit être venu se faire vacciner grâce à eux. » S’il profite de ce 14 juillet pour se reposer et recevoir quelques beaux mots du maire, le répit sera de courte durée. Il attend désormais une ruée sur la vaccination suite à l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron le 12 juillet.
Clémence Leleu, Simon Lambert et Timothée Vinchon.