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Sortir du train-train de l’actu

À l’heure de pointe à la gare de Longueau, la caravane collecte auprès des voyageurs les sujets qui manquent dans l’actu.

Devant la gare de Longueau, il est 17h03. C’est l’heure du premier train du soir qui revient de Paris. L’heure où les travailleurs reviennent ou partent du travail, celle de la balade de fin de journée pour d’autres. La Caravane en a profité pour s’arrêter devant le guichet et parler du train-train de l’info. Car selon le baromètre La Croix/Kantar de 2023, près d’un Français sur deux estime que les médias parlent trop souvent des mêmes sujets. Mais alors quels sont ceux qui manquent dans l’actualité ?

Elise sort à peine du train. Devant la caravane, elle a une réponse spontanée : « le racisme envers les noirs ». Pas assez évoqué dans les médias selon la sexagénaire, le racisme existe pourtant et « il faut le regarder en face. Ce sont des petits comportements, de petits réflexes qu’on vit tous les jours. » Selon les enquêtes de victimation de INSEE, 1 million de personnes estiment avoir subi au cours de l’année au moins une atteinte raciste. Pour Elise, en parler plus souvent permettrait à ses amis de se « rendre compte de ce que je peux vivre au quotidien. »

Un couple s’arrête, curieux de la caravane métallique. En entendant parler de journalisme, ils démarrent une discussion politique au quart de tour. « Qu’on arrête de nous mentir sur les chiffres de l’emploi ! Il faut dire où il y en a, où il y en a pas. On ferait mieux de parler de rien à la télé, on veut plutôt des actions. » tranche énergiquement Philippe, 63 ans, accompagné de sa femme Christine, 62 ans, en balade autour de la gare.

Parler de ce qui ne va pas

Michel, du haut de ses 82 ans, se veut plus optimiste. « Parler de ce qui va, et pas seulement des trains qui arrivent en retard. Pour vous donner un exemple, je viens d’aller m’acheter un produit pour une infiltration, et ça ne m’a rien coûté, c’est quand même fabuleux ça ! On a de la chance » ajoute-t-il, doctement. Intrigué par un nouveau venu devant la caravane, Julien, il tend l’oreille. Le jeune homme de 27 ans, arrivé à vélo à la gare, voudrait plus de nouvelles sur ce qui se passe au Congo. À l’est du pays, le conflit qui dure depuis trente ans s’intensifie ces dernières semaines, forçant des millions de personnes à se déplacer. Selon le jeune homme, il faudrait « laisser la parole aux habitant·es sur leur quotidien, plutôt que d’envoyer des journalistes sur place qui ne resteraient que 5 jours et ne pourraient pas vraiment comprendre les enjeux. »

Lydie 48 ans, attend le train en passant des coups de fils. Entre deux appels, elle glisse s’intéresser à la santé. Elle voudrait qu’on informe mieux les jeunes filles de la santé sexuelle, mais aussi que les journalistes fassent plus d’enquêtes sur les effets secondaires des médicaments. Elle a gardé un goût amer du COVID et estime qu’on n’a pas bien expliqué d’où venaient les vaccins. Maria, 68 ans, souhaite aussi plus de prévention, mais pour expliquer comment déjouer les arnaques téléphoniques et aussi pour mieux consommer. Une requête qui n’est pas sans rappeler l’actualité médiatique : Laurence Garnier, la secrétaire d’État à la Consommation, a annoncé le 21 novembre vouloir vendre le magazine « 60 Millions de consommateurs ». Diffusé par un organisme public, il pourrait perdre en indépendance en devenant privé, regrettent les associations de défense des consommateurs.

Sophie Bourlet, Clémence Leleu et Timothée Vinchon

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