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Caps et Marais d'Opale (62)

Souvenirs et bonnes nouvelles au marché de Lumbres

Sur le marché de Lumbres, les commerçant·es et consommateur·rices ont raconté leurs souvenirs et leurs rêves d’actualité.

Il fallait se lever tôt ce vendredi, pour s’installer comme les autres commerçant·es sur le marché de Lumbres. À l’entrée de la place, notre rutilante caravane se retrouve à côté du Renaut Trafic de Jean-Luc, petit maraîcher au rire contagieux, qui se marre quand il se rend compte qu’on a piqué sa place. « Tant que je peux m’en aller facilement. Moi, vous savez, je suis toujours le dernier arrivé et le premier parti » s’amuse-t-il. Coup de bol, l’homme connaît la moitié de ses client·es et leur suggère à chaque fois de venir taper la discute avec nous. Hormis une dame déçue de ne pas trouver des camelots vendant des produits miraculeux auprès du public, l’accueil est très sympathique. Dans ce flot de bonne humeur matinale, nous partons à la rencontre des autres camions avec l’ambition de récolter leurs rêves : et s’ils ouvraient le journal dans deux jours, que voudraient-ils y voir à la une ?

Nous nous lançons aussi dans un atelier autour des souvenirs. L’objectif, causer des belles choses qui se passent dans la commune et qui sont hors radars, mais aussi discuter des actualités qui nous ont marqué ou qui ont changé notre façon de consommer l’information.

Le principe est simple. Chacun·e doit confier un souvenir marquant vécu dans sa commune (de naissance ou actuelle), un souvenir de la “grande histoire” qui leur soit contemporain, et un souvenir médiatique, comprendre : soit une actualité qu’ils ont appris par l’intermédiaire des médias ou alors la manière dont une actualité a été traitée (ou non) par les médias. Chaque souvenir vient s’inscrire sur un Post-It qui est en suite collé sur la caravane. De cette façon, les badauds ont envie de lire les histoires des autres et de rajouter la leur. Voici les résultats de notre « récolte ».

Un souvenir médiatique. Vous avez ouvert le journal, allumé le JT et cette actualité vous a touché : 
  • L’annonce des confinements et le « Nous sommes en guerre » d’Emmanuel Macron. Je pouvais pas y croire. Adrien, 41 ans.
  • La disparition du petit Grégory dans les Vosges. J’étais en famille dans le coin, on a vu ça, on était loin d’imaginer que ce serait une histoire qui deviendrait si connue même des années après. Jean-François, 61 ans.
  • Jacques Chirac qui gagne les élections en 2022. Je me souviens du soulagement et de la une de Libération où le nouveau président a l’air aussi heureux que soulagé. Martin, 33 ans.
  • Le suicide de Lindsay, une collégienne de 13 ans qui était harcelée. Cela fait écho à l’histoire de beaucoup de femmes. Molly, 20 ans. 
  • Le 11 septembre et l’effroi de découvrir les deux tours qui s’effondrent à la télévision. Marie-José, 52 ans.
  • L’explosion de la centrale de Tchernobyl. On vivait dans un monde où on nous disait que la technologie et le progrès n’apportait que du bon. Là, ça nous rappelait aussi les risques. Marie-André, 65 ans. 
  • La guerre en Ukraine, que je suis tous mes jours. En tant qu’agriculteur, le conflit a un impact directement sur mes prix. Jean-Luc, 61 ans. 
  • L’élection d’Obama. Je me suis dit que si un tel changement arrivait aux États-Unis, ça montrait que le monde évoluait vers le progrès. Bon, depuis j’ai déchanté. Bernard, 76 ans. 
  • Les inondations dans le sud en 2010, tant de personnes qui perdent tout ce qu’ils ont. Brigitte, 70 ans.
  • La mort de l’Abbé Pierre, Marie-José. C’était une personne que je trouvais plus importante que le pape. Il a toujours été dans l’action pour aider les autres. Marie-José, 52 ans.
  • Le crash de l’avion de Marcel Cerdan. J’étais passionné de boxe étant petit, c’était l’un de mes héros, ça m’a marqué. Bernard, 75 ans.
  • La draft de Wembanyama en NBA cette année. C’est historique, c’est la première fois qu’un français est n°1 dans la sélection. Gontran, 63 ans.
  • Le COVID et toutes les questions que ça a pu engendrer. Ça a mis beaucoup de tensions entre tout le monde. Jean-Paul, 66 ans.
Un souvenir marquant de la “grande histoire”. Un événement qui a fait l’histoire qui vous a marqué :
  • L’enterrement du général de Gaulle. Je me rappelle, mes parents m’avaient un peu obligé à le regarder à la télé. C’est après que je me suis rendu compte que c’était un moment d’histoire. Marie-André, 65 ans.
  • La chute du mur de Berlin. C’était quand même quelque chose. Gontran, 63 ans.
  • Le décollage de la fusée Apollo. On était tous les gamins du voisinage à regarder cet événement incroyable sur la même télé. Jean-Luc, 61 ans.
  • Les attentats du 11 septembre. Je me suis dit que la réalité pouvait dépasser la fiction. Martin, 33 ans.
  • La guerre en Ukraine. On se rend pas compte que c’est un moment d’histoire que nous vivons en direct. Jean-Paul, 66 ans.
  • La guerre d’Algérie, où mon frère ainé est décédé tout jeune. Marie-José, 52 ans.
  • L’inauguration du tunnel sous la Manche. Un monument de technologie à deux pas de chez nous. Bernard, 75 ans.
  • L’élection de François Mitterrand en 1981. Je revois encore les images de sa victoire à la télévision. Brigitte, 70 ans.
  • La guerre d’Algérie que mon père a fait. C’est encore quelque chose qui est difficile à aborder aujourd’hui. Jean-François, 61 ans.
  • Les attentats du World Trade Center. Des images absolument dingues qu’on aurait jamais imaginé voir. Adrien, 41 ans.
  • Mai 68, une bonne révolution, ça a changé plein de choses dans une société traditionnelle et fatiguée. Je l’ai pas vécu en direct, mon père m’avait gardé toutes les brochures de presse alors que je faisais mon service militaire en Polynésie Française. Bernard, 76 ans.
Un souvenir marquant dans la commune où vous avez grandi, ou où vous vivez aujourd’hui
  • La mise en place de voies vertes aux alentours de Lumbres et de Wavrins-sur-l’Aa. Ca me permet de faire la plupart de mes déplacements en vélo. Adrien, 41 ans.
  • J’étais élu dans ma commune et on a fusionné avec le patelin d’à côté. Ca a permis de relancer une école. Jean-Luc, 61 ans.
  • Le concert de Johnny à Bollaert. Sonia, 63 ans.
  • La solidarité dans ma cité à Longuenesse, rue Salengro. Tout le monde se connaissait et encore maintenant on prend des nouvelles des uns, des autres. Marie-José, 52 ans.
  • La ducasse et les galas de danse country. En plus, ma fille était dans le spectacle. C’est dommage ça s’est arrêté avec le Covid, c’était important pour la vie du village. Jean-Paul, 66 ans.
  • La pêche aux écrevisses avec la fille du maire. Ne vous méprenez pas, elle avait deux fois mon âge. Jean-Claude.
  • Les mariages de mes enfants et la naissance de mes petits-enfants. On a l’impression qu’on a réussi sa vie quoi qu’il arrive à ce moment-là. Jean-François, 61 ans.
  • Les concentrations de motards au mois de mai. Ca met de l’ambiance, c’est bien. Brigitte, 70 ans.
  • On avait fait croire à deux correspondantes anglaises qu’on n’avait pas de salle de bain et qu’on se lavait à la rivière. Elles y sont allées ! Marie-André, 65 ans.
  • Mon mariage, avec la femme de ma vie. Bernard, 75 ans.

Sophie Bourlet, Timothée Vinchon et Martin Gallone à la photographie.

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