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Val de l'Aisne (02)

Les marmots de Bazoches, le coeur battant du village

Comment créer des rencontres, resserrer des liens, imaginer du collectif lorsque les liens entre habitants se distendent de plus en plus ? Francine, Emilie, Héléna, Sylvie et Géraldine des Marmots de Bazoches nous racontent.

L’accueil des enfants de Paars, Courcelles-sur-Vesle et Bazoches-Saint-Thibaut pour le périscolaire du midi et du soir ? C’est elles. Elles, ce sont Francine, Emilie, Hélèna, Sylvie et Géraldine, qui mitonnent petits plats et activités pour les enfants du coin. Ils sont, pour cette rentrée 2023-2024, 19 à être inscrits dans leur association, Les marmots de Bazoches. Un chiffre en baisse d’année en année, puisqu’au plus fort de l’activité, ils étaient jusqu’à 72. Sauf que cette association est un peu le baromètre de l’équilibre et du dynamisme des environs. « Il y a de moins en moins de classes donc de moins en moins d’enfants au périscolaire. Et si le périscolaire ferme, la pérennité de l’école est en danger. C’est le serpent qui se mord la queue », résume Géraldine, qui a repris la présidence de l’association depuis janvier 2023. 

Toutes les cinq habitent dans les environs. Ce territoire, elles le connaissent comme leur poche. Bazoches, c’est l’assurance d’une vie au calme, loin du tumulte de la ville. « Je ne me vois pas habiter à la ville. Un grand village déjà ça me perturbe. Braine [2250 habitants, ndlr] pour moi c’est trop grand », glisse Hélèna. Même avis pour Sylvie, « Quand je suis en ville, je me sens oppressée. » Certaines sont nées dans les environs, d’autres sont arrivées pour vivre dans plus grand, toutes en ont fait leur base. Un endroit qu’elles rêvent dynamique, riche en contacts humains et tourné vers l’avenir. Sauf que les choses ne sont pas toujours si simples. 

Bazoches, pile et face

Pour résumer, ici, il y a de l’activité. Pas mal d’associations, un club de boulistes et de fléchetistes, des cours de sport le mardi soir ou encore une brocante en été. Le bassin d’emploi n’est pas trop sinistré. On nous a parlé d’une tréfilerie, d’une laiterie, d’une usine de radiateur, une autre de plastique, d’agriculteurs, de professions tertiaires. Bazoches est également au cœur d’un carré magique qui vous place à plus ou moins quarante minutes de voiture de Laon, Château-Thierry, Soissons et Reims. Ça, c’est pour le côté pile.

Le côté face, c’est la gare qui a fermé, rendant le transport vers les collèges et lycées environnants moins simple pour les adolescents. La nécessité d’avoir une voiture pour rejoindre la gare de Fismes ou de Soissons. « Il ne faut surtout pas prendre la voiture pour ne pas polluer mais en même temps ils suppriment des trains, on n’y comprend rien », lâche Géraldine. C’est aussi le Covid qui a bousculé les habitudes des gens, « On sent qu’ils ont plus de craintes de se retrouver en groupe », analyse Sylvie. « Certains sont aussi un peu sauvages, de moins en moins sociables », poursuit Francine. Alors chacun reste plus chez soi, perd peu à peu le sens du contact avec les voisins.

Il y a aussi le télétravail, qui permet de faire rentrer les enfants à la maison certains midis. « Il y a aussi d’autres manières de vivre qui se sont mises en place », raconte Sylvie. « Maintenant les gens emmènent leurs enfants à l’école et donc au périscolaire là où ils bossent. Ils ne veulent pas s’embêter à être rentrés à une certaine heure le soir alors qu’ils pourraient aller chercher leurs enfants tout de suite à la sortie du bureau à Reims ou Laon par exemple. » Et puis, il y a la baisse du taux de natalité qui vient aussi redistribuer les cartes. « Les gens font beaucoup moins d’enfants qu’auparavant. Avant c’était trois ou quatre. Maintenant il y en a qu’un la plupart du temps. Ça fait chuter le nombre d’élèves et donc de classes », regrette Géraldine. 

Mais ces cinq femmes n’ont pas dit leur dernier mot. Elles tentent de proposer des tarifs toujours plus bas, des activités et des ateliers qui permettent aux gens de se rencontrer, des sorties au parc d’attractions gratuites pour les enfants, un marché de Noël ou encore des soirées pyjamas. « On veut des temps de partage, sans écran, mais ce n’est pas toujours simple que les familles répondent présentes ou se mobilisent. Même pour des sorties gratuites le car n’est pas plein », se désole un peu Sylvie. Même constat pour ses collègues. Parfois, elles ont l’impression de se battre contre le vent. Peu de soutien, peu d’encouragements, peu de nouvelles têtes qui viennent découvrir leurs activités.

Pourtant, leur flamme est toujours intacte. Elles réfléchissent à comment mieux communiquer, peut-être davantage mobiliser les journalistes locaux pour parler de leurs activités, repenser la distribution des prospectus de l’agenda, ou investir les réseaux sociaux. « On est sur Facebook mais ça ne fonctionne pas beaucoup. Et puis les jeunes sont plus sur Instagram, mais ça demande du temps tout ça. Pour le moment, on court un peu après », glisse Hélèna. À terme, l’équipe aimerait proposer davantage d’activités aux gens du coin, plus seulement pour les enfants. Transformer ce lieu en espace de vie sociale, pour perpétuer ce qui fait, selon elles, le sel d’une vie dans ce petit coin de Picardie : les rencontres.  

Sophie Bourlet, Clémence Leleu, Timothée Vinchon

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