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Pays du Coquelicot (80)

« On parle d’écologie, mais pas de comment agir concrètement »

Pour les élèves de première SES d’Albert, il y a urgence à ce que les médias donnent des clés pour agir sur les grands sujets du XXIè siècle. Ils se sont improvisés rédacteur·rice·s en chef de trois revues.

Notre arrivée avait été annoncée à la classe de première spécialité Sciences Économiques et Sociales du lycée Lamarck d’Albert. Lorsque nous débarquons, plusieurs élèves sont déjà en classe, prêt·e·s à discuter avec nous. Leur spécialité leur offre l’opportunité de débattre de l’actualité et ça se ressent. Lorsqu’ils effectuent un tour de table pour se présenter en citant la dernière actualité qui les a marqué, sont mentionnés pas mal de faits-divers, mais aussi les derniers développements de la guerre en Ukraine ou encore « l’inflation galopante », qui interpelle forcément nos économistes en herbe.

Assez rapidement, on se rend compte que certaines actualités reviennent assez souvent. Si les fait-divers ont toujours la cote, l’écologie est clairement un autre grand sujet : les différentes manifestations des militants écologistes ces dernières semaines ont suscité des interrogations pour plusieurs élèves. Clara, elle, a entendu une actualité qui expliquerait que le trou de la couche d’ozone pourrait se résorber d’ici 2070. Le traitement journalistique qu’on réserve à notre planète est clairement remis en cause. « Sur le climat, c’est pas assez franc. Les journalistes ne devraient pas s’auto-censurer mais dire clairement ce qui va arriver » , explique Laura. « Ca fait peur, renchérit Jade, on voudrait savoir comment agir. » Après avoir discuté de la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, que 1200 journalistes et des dizaines de rédactions et organisations ont signé, on décide de laisser à la classe les clés de trois nouvelles rédactions. La première sera celle d’un média traitant de l’écologie, la deuxième celle d’un média féministe et la dernière, celle d’un média « qui donnerait enfin des bonnes nouvelles ».

Des paroles aux actes

Les trois rédactions effectuent d’abord une revue de presse sur leurs sujets. Nous avons ramené des quotidiens nationaux et locaux, comme le Courrier Picard et la Voix du Nord, et des dizaines de magazines dans lesquels piocher. L’exercice n’est pas aisé pour tout le monde. Dans le groupe qui travaille sur le magazine féministe, on se désole de l’Equipe. « On parle beaucoup de nos champions, très peu de nos championnes » regrette Louise. Par contre, l’Humanité de vendredi a titré sur les inégalités de salaires entre femmes et hommes.

Antoine, de la team écolo, a trouvé de nombreux articles sur l’absurdité écologique de la coupe du monde de football au Qatar. Il fulmine : « On nous demande de faire des gestes écologiques et en même temps, on fait une coupe du monde dans des stades climatisés en plein désert. » La COP 27 s’ouvre le jour-même, les sujets ne manquent pas. « Attendez, COP 27… Ca veut dire qu’ils ont déjà fait 26 réunions pour rien avant ? » entend-t-on au fond de la classe. La Croix a mis en une les conséquences du réchauffement climatique pour les pays du sud. « On parle d’écologie, mais pas de comment agir concrètement », regrette Fanny.

Les élèves de 1ère spécialité Sciences économiques et Sociales du lycée Lamarck d’Albert en pleine revue de presse, le 7 novembre 2022.

Du coté des bonnes nouvelles, la pêche n’est pas aisée. Il faut fouiller dans les revues pour trouver des articles. « À force de voir que du négatif, on déprime », explique Laura. Avec un peu de persévérance, chacun finit par trouver un article. Zyad découvre dans Epsiloon des études scientifiques qui estiment les plus de 65 ans plus heureux que les jeunes, Cléa que la famine en Ethiopie se résorbe. « Si on cherche un peu plus loin, on peut toujours trouver du positif », tempère Clara.

Des unes « coup-de-poing »

L’heure est venue pour nos équipes d’apprentis rédacteur·trice·s de faire leurs choix éditoriaux. Ils ont 45 minutes. Ils doivent trouver un nom de média, une identité et un ton, sélectionner, hiérarchiser des informations et confectionner les fameuses unes. C’est sans doute le plus compliqué, il faut débattre et discuter en groupe pour que ses idées soient entendues.

Et tel·le·s de vrai·e·s journalistes en rédaction, c’est l’heure du bouclage, avec son lot de fierté de faire passer un message, mais aussi de frustration de devoir laisser de côté des informations. Iels présentent leurs unes à la classe entière et toutes ont en commun d’être un appel à l’action. Les solutions et l’engagement, une piste pour attirer les jeunes lecteurs ?

Sophie Bourlet, Clémence Leleu, Timothée Vinchon

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