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« Nous les femmes, nous ne sommes pas assez entendues »

« Peut-être que s’il y avait une présidente de la République ou plus de mairesses élues dans les villes, on serait moins mises à l’écart », Jocelyne, 59 ans, cherche des pistes. Car pour elle, il n’y a aucun doute, les femmes manquent d’espace. En ce mardi matin, sur le parking du supermarché Match situé en plein centre ville de Creil, les discussions tournent autour de l’égalité femmes-hommes et de la place de celles-ci dans la société. « Ce n’est pas parce que j’ai la cinquantaine que ce que je dis, ce que je pense, n’est pas important. En fait nous les femmes, nous ne sommes pas assez entendue. Et ça peu importe notre âge », poursuit Jocelyne.

Nicole n’a que peu de temps, « j’ai du frais dans mes sacs et avec la chaleur… », alors on la suit jusqu’à son coffre, puisqu’elle nous a soufflé qu’elle avait des choses à nous dire. « Il faut changer l’esprit des gens. Qu’on arrête de prendre les femmes pour des boniches. Et ça commence par l’égalité des salaires ! » lance-t-elle avant de poursuivre, « c’est bien simple, les hommes il faut les emmerder non stop avec ça. Tant qu’on n’aura pas l’égalité, il ne faudra rien lâcher ! »

Plus que sur l’emmerdement continu, Maria mise elle sur l’échange. « Il faut avoir plus de conversation avec les hommes. Pour qu’ils comprennent qu’on est tous les mêmes et qu’ils ne savent pas plus les choses que nous », explique cette Creilloise mère de 3 enfants. « Peut-être que ces discussions peuvent déclencher un changement dans leur façon de penser ? »

Jocelyne © Clémence Leleu

Pour Claude, l’espoir est faible, le constat plus sombre : « J’ai l’impression qu’on a régressé de dizaines d’années. Quand on voit ce qu’il se passe aux Etats-Unis avec l’avortement. Le poids des religions de plus en plus présent dans la société. Sauf que je ne sais pas, je ne sais plus ce qu’on pourrait faire », regrette celle qui précise avoir grandit dans un milieu militant, avec des parents syndicalistes, engagés dans le milieu associatif. « J’ai mauvaise conscience, je m’en veux de baisser les bras, mais je n’ai plus envie de me battre. Avant on se disait que le vote pouvait changer les choses, mais là quand on voit que c’est le RN qui passe, c’est désolant. »

Marie, qui a fait toute sa carrière dans le social et l’insertion est catégorique : « Je l’ai prise moi-même mon égalité. Je n’ai jamais eu ce problème là avec les hommes. J’ai toujours géré, mené mes projets », se remémore cette Creilloise aujourd’hui retraitée. « J’ai toujours dit qu’il fallait que les femmes prennent leur place dans la société, dans leur famille. »

Claude © Clémence Leleu

« On va finir par rester chez nous »

Et à l’échelle de la ville, qu’en est-il de la place de la femme ? « Moi je revendique le droit d’être une femme, de faire ce que je veux, de m’habiller comme je le veux et d’aller ou je veux », lance Claude, déterminée. « Il faudrait plus penser les endroits pour qu’ils soient accessibles aux femmes aux différentes périodes de leur vie », estime quant à elle Nicole, regrettant le manque espace sur les trottoirs pour les poussettes ou les fauteuils roulants.

La plupart des femmes avec qui nous avons discuté disent constater une forte présence masculine dans l’espace public, au détriment des femmes. « En tant que femme, on a repéré les endroits où on peut aller sans être la seule au milieu de plein d’homme », détaille Marie, « Le café des sports, le Flora par exemple. À l’inverse, Le balto c’est toujours sur occupé, on ne s’y sent pas vraiment à l’aise. » Jocelyne elle, aimerait des bars où il y aurait des espaces uniquement pour les femmes, « pour être plus à l’aise, pour pouvoir discuter sans se sentir observées. En tout cas, il ne faut pas faire comme si ça n’existait pas tout ça. Il faut en parler, sinon on va finir par rester chez nous et ça serait dommage. »

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