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« Creil, ce n’est pas ce qu’on pense »

Transats posés sur le sable blanc, parasols rouges, structures gonflables, minigolf et terrain de pétanque, l’île Saint-Maurice a revêtu ses atours estivaux. En cet après-midi caniculaire, les familles prennent leurs quartiers à l’ombre, et alors que les enfants partent explorer les jeux, nous avons pris le temps de discuter avec mères et grands-mères venues autant occuper leur progéniture que chercher la fraîcheur offerte grâce à la rivière toute proche.

Transats posés sur le sable blanc, parasols rouges, structures gonflables, minigolf et terrain de pétanque, l’île Saint-Maurice a revêtu ses atours estivaux. En cet après-midi caniculaire, les familles prennent leurs quartiers à l’ombre, et alors que les enfants partent explorer les jeux, nous avons pris le temps de discuter avec mères et grands-mères venues autant occuper leur progéniture que chercher la fraîcheur offerte grâce à la rivière toute proche.

Isabelle, confortablement installée dans un transat, est arrivée à Creil il y a 10 ans, grâce aux prix des logements, moins élevés dans ici que dans le 95 où elle habitait alors. De Creil, elle connaissait la réputation qui s’étale souvent dans les gros titres : drogue, délinquance et insécurité. Elle fait le choix de s’y installer, « pour plus d’air, plus de place, plus de verdure » que dans le Val d’Oise, avec en prime un temps de transport plus court pour rejoindre Paris où elle travaille alors dans le restauration. « En fait, Creil, ce n’est pas ce qu’on pense », glisse-t-elle. « Les jeunes délinquants, ils font leurs histoires entre eux. Tant qu’on ne s’en mêle pas, on n’a aucun problème. Ce n’est pas comme à Sarcelles où là, pour le coup, il pouvait y avoir des répercussions sur nous. »

Chercher la tranquilité

Pendant un temps, Isabelle fait l’aller-retour tous les jours pour Paris, avec un retour après son service passé minuit. « Même lorsque je prenais le dernier RER, lorsque je marche toute seule à 1h du matin dehors, il ne m’est jamais rien arrivé. Pareil, je peux m’habiller en jupe, je ne suis jamais sifflée. Ici, je suis tranquille », poursuit-elle.

La tranquillité, c’est aussi un mot qui revient régulièrement lorsque l’on discute avec Imen. Chapeau de paille posé délicatement sur son voile, lunette de soleil ronde sur le nez, elle raconte volontiers sa ville, où elle est arrivée en 2009, pour rejoindre son mari. Elle arrive alors de Tunisie. « C’est calme ici par rapport à Paris ou à Marseille, sauf que lorsqu’on parle de la ville dans les journaux, on a toujours l’impression qu’on est dans une ville dangereuse », estime Imen, qui vit dans le bas de Creil, reconnaissant tout de même que son quartier est plus calme que « là-haut ». « Là-haut » ? C’est le Plateau. Un quartier sur lequel tout le monde a un avis, une histoire ou une rumeur à raconter. Un territoire perché au sommet de la ville, qui concentre très souvent l’attention des médias, toujours pour les mêmes histoires : la délinquance.

Imen vit à Creil depuis 2009. © Clémence Leleu

Lala* vit « là-haut ». Elle est descendue passer l’après-midi avec ses enfants et ses amies à l’île Saint-Maurice, et ce quartier du Plateau elle pourrait en parler des heures. « C’est simple, je n’arrive pas à en partir, à couper le cordon », explique-t-elle. « Les poubelles qui brûlent, les trafics, on s’est habitué à ça. Ça fait partie du quartier. De la délinquance, bien sûr qu’il y en a, mais elle est partout, dans toutes les villes ! » Ce qu’elle aime au Plateau, c’est le mélange des origines, le respect entre voisins, les grands qui veillent sur les plus jeunes. « Il y a beaucoup de respect dans ce quartier. Il y a toutes les nationalités, on est ensemble. Il n’y a aucun problème de religion, de couleurs, d’origine. On ne se sent pas jugées. »

Même sentiment pour Imen, à Creil, elle se sent libre et surtout acceptée comme elle est, avec son foulard. « Ici, il n’y a jamais quelqu’un qui va me regarder bizarre parce que je suis voilée. Dans ma formation, on m’a accepté avec, et pareil, je n’ai pas eu de souci pour pouvoir trouver un stage en ville. Mais ce n’est pas pareil partout. Une fois, je suis allée à Saint-Quentin et ça n’est pas la même chose, je me suis sentie jugée », se souvient la jeune femme. « Les gens ont des idées toutes faites sur ce sujet, nous on aimerait se raconter, échanger, discuter. Mais il y en a pour qui c’est tout suite non. « Si tu as le voile, je ne te parle pas. » C’est dommage. »

* Le prénom a été modifié

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