À L’hôtel du commerce d’Airaines le moins que l’on puisse dire c’est que l’on est chauvin. On se revendique Picard « les Hauts-de-France c’est bien mais bon, c’est trop grand ! » et un seul nom est sur les lèvres lorsque l’on parle d’info : Jean-Pierre Pernaut. L’enfant du coin, originaire de la Somme accompagne les déjeuners de bon nombre des clients accoudés au bar en ce jeudi matin. « C’est le meilleur ! » lance Angela, la propriétaire de L’hôtel du commerce. « Jean-Pierre il fait beaucoup de pub pour la Somme, il parle de nous. On regarde le JT juste parce que c’est lui »
Sur le bar, quelques exemplaires du Courrier Picard, qui passent de main en main. « Je le lis presque tous les jours » raconte Charlette, 85 ans qui a ses pages fétiches : les courses, les annonces de décès, et les informations locales. « Je n’ai pas besoin de savoir ce qu’il se passe trop loin. À mon âge ça ne sert pas à grand chose. » Mais finalement, à bien y réfléchir c’est grâce aux discussions avec les autres habitués qu’elle s’informe le plus « On entend parler de tout dans le café. Parfois même de sujets qui ne sont pas encore dans le journal. »
Pour Xavier, le rendez-vous avec l’info est matinal : à 6h, il allume sa télé et regarde France Info : « BFMTV ça me saoule maintenant donc je regarde la 27. Je suis intéressé par les informations internationales et ils ont une rubrique dédiée » explique-t-il. « Sinon j’écoute aussi France Bleu Picardie, quand je suis dans le tracteur. »
« France Bleu Picardie c’est la radio préféré des picards ! » intervient Joël, le propriétaire des lieux. « On écoute que ça ici. » Lui côté information, il avoue être plus tourné vers les réseaux sociaux, notamment Facebook, et le 13H de TF1. « Le matin quand je regarde la Une du Courrier Picard et si il y a un sujet qui me plait je vais jeter un œil mais rapidement ».
Dans son bar, la télé est principalement utilisée pour retransmettre les courses, PMU oblige, et sinon passe exclusivement des chaînes musicales. Vitaa, Julien Doré, Camélia Jordana, des titres récents et plutôt pop’ qui contrastent avec le public de l’établissement, plutôt composé ce matin là de personnes de plus de 50 ans. « On ne va mettre BFM que s’il y a quelque chose de grave comme un attentat par exemple. Sinon non, on ne met pas les infos. »
Pour Jacques et Viviane, les habitués que tout le monde vient saluer, les informations ça a plus tendance à les fatiguer qu’autre chose. « On en a marre. On ne sait jamais sur quel pied danser. Un jour on nous dit blanc, le lendemain on nous dit noir » estime Viviane en recommandant un « Vittel cass’ » à Joël. « Quand il se passe quelque chose de grave, on s’en parle entre nous, on n’a pas besoin des médias. La télé on ne la regarde plus trop, et le journal on regarde pour les décès et les accidents » complète Jacques.
De passage par L’hôtel du commerce avant de se rendre sur la côte, Michael qui travaille pour les CEMEA, des centres d’entrainement aux méthodes d’éducations actives, consomme principalement des journaux nationaux, satiriques « Le Canard surtout, et puis si j’ai encore quelques sous en poche Charlie Hebdo » Le reste des informations, il les glane sur son téléphone via la page Google actualités ou en regardant une dizaine de minutes les chaînes d’infos en continue « Sur les sujets qui m’interpellent, je vais fouiller le thème moi-même ensuite. Je n’ai pas l’impression de manquer d’informations. Je vais chercher ce dont j’ai besoin. Je n’attends pas forcément que les choses m’arrivent pour m’y intéresser. »